maj le 17/01/2007 ... page créee 26/12/2006

Le Chemin Espagnol : Roncevaux à Compostelle en VTC
par Michel DESTRES , pélerin de Chateau-Gontier

du 10 au 26 Octobre 2006

         Après avoir fait la partie française à pied en trois fois ( septembre 2004, septembre 2005, Mai 2006) il me restait le camino français en Espagne  .Deux possibilités : soit continuer à pied en Espagne en deux fois, soit parcourir le camino jusqu’à Compostelle en VTC . Trois semaines avant de partir je n’avais pas encore fait le choix. Avec l’envie d’arriver à Santiago fin octobre, j’ai finalement opté pour le VTC

        N’étant pas un habitué des longues distances  à vélo, ni sûr de mes capacités, j’avais prévu faire l’Espagne en 21 jours . En réalité, c’est en 17 jours que les 800 km ont été parcourus , soit une moyenne de 47 km/jour, tout en prenant le temps de s’arrêter souvent pour les visites.

        J’ai préparé les étapes à partir d’un site internet : http://perso.orange.fr/vtt.compostelle/.  J’ai roulé sur les chemins qui me paraissaient les plus faciles ou sur des routes départementales peu fréquentées ou sur des nationales.  En Espagne, chemin, route nationale ou petite route sont pratiquement parallèles, ce qui permet de rentrer ou de sortir du chemin en fonction des aptitudes de chacun par rapport au difficultés de l’étape . En octobre, il faut s’attendre à plusieurs jours de pluie, ce qui fut le cas . Quelques portions détrempées et boueuses m’ont paru difficilement praticables. J’ai donc fait moins de chemin et plus de routes que prévu

       En octobre , je n’ai pas vu beaucoup de vététistes, du moins ceux qui vont jusqu’à Santiago. Par contre, les cyclistes espagnols sont nombreux sur certaines étapes. En VTC , on visite ou on traverse les mêmes villes et villages parcourus par les marcheurs qu’on rencontre dans les albergues

      Mon VTC était équipé d’un sac de 5 kg sur le porte- bagage,3 kg dans la sacoche devant le guidon et 3 kg dans le sac à dos de 25 l .  Au final, je suis très satisfait de l’expérience du VTC qui procure beaucoup de liberté.    

Lundi 9 octobre 2006 : Voyage vers le point de départ

-Départ de Château-Gontier avec la voiture (BX ) à 7h30

-Arrivée à Saint–Jean–Pied-de–Port  à 20h30

          Les gîtes « esprit du chemin » et « au chant du coq » sont fermés. Je passe la nuit au gîte « le chemin de l’étoile »

Mardi 10 octobre : RONCEVAUX - PUERTO DE ERRO-  PAMPELUNE - PUENTE LA REINA ... 73 km

Je laisse la voiture à Saint-Jean-Pied-de-Port, près des remparts . Comme prévu, la jeune conductrice de la voiture « express-bourricot » me prend avec mon vélo pour faire les 27 km de montée qui séparent Saint-Jean-Pied-de-Port à Roncevaux, lieu d’arrivée en mai 2006 (le 12/05/06 : voir récit de notre ami Guy Chabant sur ce site).

Départ de Roncevaux jusqu’à Burguete par un chemin facile puis par la nationale, jusqu’à Puente la Reina, route touristique peu fréquentée en ce mois d’octobre . J’avais prévu une première étape de 18 km pour me mettre en jambe. Finalement , vu le profil descendant de l’étape qui quitte les Pyrénées ,les cinquante premiers kilomètres ont été assez vite parcourus

Pique-nique , 8 km avant Pampelune où je rencontre un couple de l’Ain qui revient de Santiago en voiture avec plein de souvenirs en tête.

Arrivée à Pampelune , grande cité navarraise , à 14h30 . La traversée de la ville est longue mais sans difficulté en vélo , sauf la sortie pour retrouver la nationale . Il faut dire qu’il me manquait une carte routière détaillée et récente . Pour vous expliquer la route , je trouve que les espagnols sont gentils et accueillants. Avec leurs gestes, il font tout ce qu’ils peuvent pour se faire comprendre .Certains parlent un peu français

La montée du Portillo del Perdon, par la route, en partie à pied, constitue la principale difficulté de cette étape                    

Soirée à l’albergue Reparadores de Puente la Reina   

5 € /nuit

Mercredi 11 octobre : PUENTE LA REINA – ESTELLA - LOS ARCOS    42 km

Belle journée : temps superbe pour pédaler . Presque toutes  les voitures empruntent l’autoroute gratuite. Je prends la nationale où la circulation est très faible. A la sortie d’Estella, le monastère d’Irache et la fontaine à vin, juste à côté, méritent une visite . L’inscription gravée ne manque pas d’humour : «  pèlerin, si tu veux arriver à Santiago, avec force et vitalité, de ce grand vin ,bois un coup, et trinque à la félicité.»

Arrivée à l’albergue de la Fuente à Los Arcos vers 15 h 30. 11 € avec P.déj . La dame de l’accueil d’origine autrichienne, parle le français. Très bon accueil

Restaurant «  le Suetxe » Bien pour 9, 5 €

A la table voisine, une famille d’allemands dont la fille me traduit le menu en français . Arrivent  cinq personnes, et quelle surprise ! Il me semble reconnaître Jean- Louis , le canadien ( J’avais sa photo ). Nelly, pèlerine de Château- Gontier, l’avais quitté à Cahors le 17 SEPTEMBRE , à la fin de son parcours . Je devais lui remettre un livre « les étoiles de Compostelle » de sa part. Le petit groupe s’installe à table et l’un deux prononce le prénom Jean-Louis. Pas de doute, , c’est bien celui que je recherche. Voilà un pèlerin retrouvé en Espagne 23 jours après Cahors et ayant parcouru depuis cette ville 455 km ! C’est incroyable ! Certains diront que c’est la magie du chemin .

 Jeudi 12 octobre     LOS ARCOS -  LOGRONO – NAVARRETE        42 Km

Etape marquée par une suite de descentes et de grimpettes. A la sortie de Los Arcos , je roule sur une route peu fréquentée . Entrée de la ville de Logrono par le chemin goudronné .Un cycliste allemand, muni d’un plan, nous fait sortir du centre ville sans difficulté. La sortie de Logrono se fait par le chemin bétonné, puis direction parc de la Grajeira . On atteint Navarette par un bon chemin caillouteux .

Arrivée vers 16h30 à l’albergue « El Cantaro »  16 places , presque complet . Je range le vtc dans le garage de cette albergue. Possibilité de cuisiner .  gîte confortable . Parmi les personnes, deux pèlerins autour de 70 ans , dont un anglais ayant travaillé en France , son compagnon , un suisse de Genève. Ils m’indiquent qu’ils ont vu Jean Louis , le canadien, la dernière fois à Aire sur Adour .

Vendredi 13 0ctobre        NAVARETTE  -  GRANON        44 Km

Etape par le chemin . Journée ensoleillée . Beaux paysages  à travers les vignes.

A  Najara , capitale historique de la Rioja , je fais quelques courses au super mercado . Forte montée (à pied) juste après  Najera.  Le chemin serpente au milieu des chaumes de céréales  Ma sacoche devant le guidon a besoin d’être fixée . Je demande à un agriculteur, près de son hangar , de me prêter une clé. Dommage que la conversation ne puisse pas s’engager à cause de la langue .

A Granon , je ressens une gène musculaire au mollet . Tendinite ? Quelle chance, dans ce petit village, je trouve une pharmacie pour acheter un anti-inflammatoire .

Le gîte paroissial, genre abbaye, se trouve dans le prolongement de l’église . Un style tout à fait dans l’esprit des pèlerins . Dans le dortoir mansardé de 60 m2 , 16 lits de mousse sont alignés côte à côte . A  l’accueil , on est polyglotte , c’est préférable étant donné le nombre de nationalités de la vingtaine de personnes de tous âges :anglais, allemands, français, espagnols, italiens .Le repas est copieux . La participation est libre . A  21h30, le groupe participe à une veillée de prière .

Samedi 14 Octobre   GRANON – VILLAMAYOR – BELORADO - ATAPUERCA     49 km

Belle journée  ensoleillée pour l’entrée en Castille .L’étape comporte des  passages boisés et de longues montées suivies de descentes reposantes

Départ à 9 h par la nationale jusqu’à Santovenia puis je prends une petite route qui mène à Atapuerca

Le refuge« la hutte » et son restaurant le « Papasol » à Atapuerca . Gîte rustique de 24 places occupé par seulement 5 pèlerins. Repas familial  très copieux  pour 10 € , en compagnie de deux  québécoises qui pensent arriver à Santiago le 7 novembre. La restauratrice parle le français. Elle a quitté l’Espagne sous le régime de Franco .Après avoir habité Bordeaux elle est revenue en Espagne.   Atapuerca est un important site préhistorique. Dans les environs ,ont été découverts les restes de l’homme le plus ancien d’Europe

Dimanche 15 octobre     ATAPUERCA  -  BURGOS        26  km

Départ à 10 h dans le brouillard qui se dissipe assez vite. Rude montée à pied  sur 3 km. Belle descente par le chemin et vue dégagée jusqu'à Villalval . Par une petite route, je rejoins les faubourgs de Burgos .

En ce dimanche , une foule de touristes flâne dans les quartiers environnants de la cathédrale. Ce bel édifice gothique suscite beaucoup d’intérêt . La visite est payante. Je revois le Suisse rencontré à l’albergue de Navarrete . Après avoir pris le bus, il a décidé de rentrer à Genève pour un problème de santé .

A Burgos,  la plupart des gîtes n’acceptent pas les vélos . Mon vtc sera garé à l’albergue du pèlerin , en direction de Leon , près du rio et à 2,5 km de la cathédrale. 3 ,5 € la nuit . Pour manger, je n’ai rien trouvé à proximité du gîte…

Lundi 16 Octobre  BURGOS –TARDAJOS- CASTRILLO DE MURCIA - CASTROJERIZ   45 km

Départ à 8h15 au lever du jour. Vent favorable de derrière  puis de côté sur les derniers kilomètres . Le chemin est plat jusqu’à Tardajos où je m’arrête au bar-restaurant pour le Petit Déjeuner. A Tardajos , je prends la nationale plutôt que le chemin car mes informations m’indiquaient des passages étroits sur sentier et beaucoup de boue en période humide . Cette option a rallongé l’étape de 8 km. Entre la sortie de la nationale, au niveau de Citores, et Castrojeriz , les petites routes sont très agréables à parcourir à travers la Meseta , plateau entrecoupé de larges vallées. Les petits villages traversés ( Villandiego, Castrillo de Murcia ) sont d’un calme impressionnant . On y rencontre des habitants qui font la causette sur des bancs publics.

Arrivée à 15 h à Castrojeriz , un village tout en longueur aux allures de far-west ,rues étroites, pas de circulation de voitures, aucun habitant en vue pour m’indiquer l’albergue . Ce n’est qu’en fin d’après midi que les villages s’animent . Pendant vingt minutes, je tourne en rond dans le village pour trouver les deux gîtes. Pas de chance, le premier est fermé de la veille , le second affiche complet et ne prend pas les vélos. Comme pour d’autres pèlerins et randonneurs,  il me reste l’hôtel . 33 € / nuit . Dîner 9 € Hotel-Restaurant El Meson , très confortable

Mardi 17 Octobre   CASTROJERIZ – FROMISTA - CARRION DE LOS CONDES      43 km

Départ à 9 h par un temps couvert. Je roule sur la départementale peu fréquentée par les voitures. Le poncho m’est utile pendant cette matinée pluvieuse . Seules les chaussures commencent à prendre l’eau. Pendant quelques kilomètres, je pédale en compagnie d’un  vététiste parti de Limoges . Il n’a pas de vêtements de pluie ! En ce mardi, il pensait être dimanche ! Casse-croûte dans un bar de Fromista , le temps de faire sécher quelques vêtements.

Entre Fromista et Carrion de los Condes, le chemin gravillonné suit la route départementale et traverse une grande plaine . Avec le vent derrière ,la ville de Carrion de los Condes est atteinte  à 14 h . Aucune difficulté pour trouver le refuge à côté du musée . Dans le dortoir, je rencontre une pèlerine ou randonneuse ?  de Pau , qui vient à Château-Gontier tous les mois dans le cadre de sa fonction pour les fromageries du groupe Bongrain.

En Espagne, les bars se remplissent en fin d’après midi . Les espagnols parlent vraiment très fort. Les hommes jouent aux cartes pendant que la télévision reste toujours allumée.

Repas cuisiné au gîte, en compagnie de trois joyeux brésiliens et de Clarisse, la pèlerine de Pau. Gîte confortable avec une cuisine bien équipée

Mercredi 18 Octobre CARRION DE LOS CONDES – LEDIGOS – SAHAGUN - BERCIANOS            50km

Sortie de Carrion par une petite route puis chemin sur 15 km de ligne droite. Paysage de plaine monotone pour les marcheurs et cyclistes. Sur les petits galets, je roule  à 6-7 km /h  . Je dépasse les nombreux  pèlerins partis depuis 8 h et à chaque fois ,le même salut : bon camino, bon camino .

Après Terradillos , le chemin longe la RN (je prends la RN). C’est l’occasion de faire une pointe de vitesse avec le vent derrière  . Casse- croûte rapide à l’abri du mur de l’église de Sahagun ,car il pleut et il fait froid . Les pèlerins qui passent sont encore nombreux. Sur les dix derniers kilomètres , le vent de côté redouble de violence, m’obligeant à mettre le pied à terre.

Je m’arrête pour causer avec des pèlerins partis de Toulouse avec leur âne. Il paraît que certains gîtes n’aiment pas les ânes ou ne les acceptent pas . Dommage …

15 h ,arrivée au village de Bercianos  del Real Camino .Comme précédemment à cette heure , pas d’habitant en vue . Je cherche le refuge. On me renseigne gentiment mais je ne comprends rien aux explications . Après avoir parcouru les rues du village sans succès , je me dirige vers l’hôtel Rivero qui accueille quelques randonneurs . Cette solution m’a permis de faire  un peu de lessive et de sécher le linge sur les radiateurs. Hôtel d’un bon confort ( 25 € / nuit )

Jeudi 19 Octobre         BERCIANOS -  EL BURGO -  LEON        47 km

Petit contre temps  le matin : l’aubergiste qui ne loge pas sur place , n’est pas arrivé pour le départ des marcheurs . Ceux-ci ont besoin de récupérer leur vêtement laissé près du bar ou de reprendre leur carte d’identité, ce qui était mon cas . On doit attendre 9h30 pour partir .

Pendant 16 km , je roule sur une départementale pratiquement sans circulation

Les gros nuages n’incitent pas à s’arrêter longtemps : casse-croûte ,comme la veille à l’abri d’un mur d’une église.

Traversée de Leon sous la pluie qui abrège la visite de la ville. Sur les trois gîtes signalés, deux n’acceptent pas les vélos. Je trouve un hôtel à la sortie de Leon . L’aubergiste me consent un rabais de 10 € sur le prix de la chambre . Le personnel est très accueillant. Hotel Alfageme à Trobajo, d’un très bon confort . Mon vtc est garé dans le parking souterrain de l’hôtel . 32, 5 € / nuit avec P D . Repas 9,5 €

Vendredi 20 Octobre    LEON – VILLADANGOS - HOSPITAL DE ORBIGO – ASTORGA  46 km

Pluie diluvienne le matin . Il faut attendre une accalmie pour partir à 10h .
A la sortie de Trobajo del Camino , je roule sur un chemin caillouteux endommagé par les pluies , puis après quelques kilomètres, sortie du chemin pour emprunter la nationale jusqu’à Astorga .
Le chemin suit la nationale tout le long du trajet . L’étape est assez monotone . La route devient plus vallonnée  après l’Hospital . Le pont roman à l’Hospital de Orbigo est le principal attrait de cet itinéraire.

A  Astorga , belle petite cité, je fais vérifier les freins du vélo.

L’albergue près de la cathédrale est d’un bon confort.  6€ / nuit.  Seulement trois pèlerins ont pris place dans un dortoir , dont un autrichien parlant le français . Un pèlerin (français)  se plaint auprès de l’hôtesse qu’il a trouvé des punaises dans son lit . Il dit qu’il va le signaler à l’office de tourisme . Pas très élégant…

Samedi 21 Octobre ASTORGA- CASTRILLO DE LOS POLVAZARES- RIEGO DE AMBROS 42 km  

Le camino passe tout près (à environ 1 km ) de Castrillo de los Polvazares et pourtant je n’ai pas vu de marcheurs visiter ce beau village maragate ( famille de muletiers). Quand on y pénètre, on est surpris par un calme étrange, pas de voitures ni d’habitants en vue . Les chaussées anciennes sont remarquables. Le village est-il signalé sur le chemin ?

A El Ganso, je rencontre deux jeunes bordelais  avec leurs chevaux . Un cheval a été gravement malade à Leon . Ils ont été obligés de s’arrêter quinze jours pour le soigner , heureusement avec l’aide de l’école vétérinaire de cette ville ( soins gratuits ) 

Après El Ganso, village à l’allure de far-west, on roule sur une petite route qui devient de plus en plus pentue . Pendant une vingtaine de kilomètres , on découvre un paysage magnifique de moyenne montagne . La pluie alterne avec le beau soleil . Il faut en permanence mettre le poncho puis le retirer. Les longues montées se font à pied à côté du vtc…

Après la « croix de fer » la petite route descend en lacets. Je traverse le joli village d’Acebo sous la pluie . Sur le chemin , conversation avec un couple de canadiens d’Ottawa . Partis du Puy- en-Velay, ils hébergent en hôtel et iront jusqu’à Compostelle.

Arrivée en milieu d’après midi au refuge municipal de Riego de Ambros . Le dortoir est cloisonné en petits box de 2 à 4 lits .
5 € / nuit. Repas à 8,5 € ( liqueur maison offerte ) au restaurante du village, situé en bas du village . Le patron et sa famille sont sympathiques. Le plus ancien me traduit l’espagnol en français…

Dimanche 22 octobre  RIEGO DE AMBROS- PONFERRADA -VEGA DE VALCARCE     52km

Entre Ruego de Ambros et Molinaseca , six kilomètres de descente rapide en lacets, sous la pluie Petit déjeuner à Molinaseta . Pluie diluvienne pendant la traversée de Ponferrada . Etape par la nationale , sans trop de circulation en ce dimanche .

Arrivée à Vega de Valarce en milieu d’après midi .
Le refuge municipal est perché en haut d’une rude montée d’où on découvre un beau paysage . L’équipement du gîte est très rudimentaire
mais il y a au moins un radiateur pour sécher les chaussures .

Repas à l’auberge du village dans une ambiance sympathique . Une lyonnaise nous raconte ce qu’elle a connu avec son amie parisienne à Manjarin : un gîte à éviter , tenu par un Monsieur qui se dit le dernier des templiers . L’hébergement est insalubre : pas de douche (et non pas d’eau), des chats partout qui montent sur les lits , des chambres où il faut ramper pour accéder au couchage. Elles ont quitté les lieux et appelé un taxi pour les conduire au village suivant . Parmi les autres pèlerins de notre table , un algérien accompagne , depuis Saint-Jean-Pied-de-Port et dans le cadre d’une association, un jeune gabonais en réinsertion . Cet algérien a parcouru Jérusalem-Santiago avec un juif et un catholique . La presse en a fait un large écho .   

Lundi 23 octobre   VEGA DE VALCARCE - O ‘CEBREIRO- TRIACASTELA   41 km

8 h , il pleut toujours et tout le monde dort . Départ à 11h30 avec le soleil jusqu’au col O’Cebreiro, haut lieu ( 1300m) du camino . Le paysage ressemble à celui des Cévennes .

Les freins arrière de mon vtc répondent de moins en moins et j’en aurais besoin pour descendre en haut du col . Par chance , dans la montée , je demande au seul vététiste rencontré de me dépanner : un anglais ,très bien équipé en clés qui avec gentillesse remet les freins en état de fonctionner .

Après le col , la descente n’est pas aussi paisible que la montée. Le versant est exposé à un vent violent qui m’oblige souvent à mettre le pied à terre . Des marcheurs ont également connu des difficultés pour descendre vers Triacastela .

Arrivée à 18 h à Triacastela .Le gîte privé , del Oribio, situé à l’entrée du village , est bien aménagé : cuisine et chauffage. Ma voisine , une nancéenne , la soixantaine, parcourt seule 25 à 30 km/jour . Son mari a abandonné à Aire-sur-l’Adour …

Mardi 24 octobre  TRIACASTELA – SARRIA -  PORTOMARIN    51 km

Départ de l’albergue à 9h30. Après Sarria , le paysage change : place aux prairies. On se croirait en Bretagne .

Arrivée à 18 h à Portomarin, sous la pluie. La ville est très animée. On y rencontre beaucoup de pèlerins et randonneurs. Deux gîtes sont fermés. Le troisième ne prend pas les vélos. Il me reste l’hôtel « villajardin », qui accepte de garer mon vtc.

Mercredi 25 octobre     PORTOMARIN - PALAS DE REI  – MELIDE      51 km

Etape marquée par une succession de montées et de descentes . A Palas de Rei , je revois le vététiste anglais. Il a pris le chemin plutôt que la nationale . Après les fortes pluies des jours précédents , certains chemins peuvent être dégradés. Dans le doute, j’ai préféré prendre la nationale qui passe par Marco , mais l’étape fut rallongée de 8 km .

Aux abords des routes, on voit beaucoup de détritus .Les espagnols ont encore  des progrès à faire.

L’albergue de Melide d’une capacité de 130 lits est à éviter , et me laisse un mauvais souvenir: : pas de chauffage ni de couverture, une « cuisine » avec des placards vides .Les plaques électriques de la cuisinière ne fonctionnent pas . Dommage qu’en Galice ,les gîtes soient en général si mal équipés . Dans cette région, certains conseillent les casas rurales , d’un bon confort et pas trop chères .
Nota de GUY et CHANTAL : nous confirmons totalement ces mauvais désagréments, le seul point positif étant le grand nombre de petits refuges.

Jeudi 26 octobre       MELIDE - SANTIAGO DE COMPOSTELA      55 km

Départ à 9h30. Enfin une belle journée ensoleillée ! A la sortie d’Arzua, je quitte la nationale

pour faire les trente derniers kilomètres sur de bons chemins agréables mais avec beaucoup de raidillons et de petites descentes . Près d’une fontaine, je rencontre un couple SDF de Niort . L’homme porte avec sa tente 35 kg sur le dos .Partis sans argent, ils vivent de dons. Ils sont très dignes et fiers d’avoir fait le camino . Ils reviendront en France en  stop. Sur le chemin , je dépasse trois pèlerines du Guatemala toutes habillées de rouge .

18 h, arrivée à l’albergue Acuarto à l’entrée de Santiago et à 2,5 km de la cathédrale . 7 € /nuit

Le gîte est presque complet, un grand dortoir pour les femmes, un autre pour les hommes .

Le chemin de Compostelle, c’est différent d’une randonnée . Il s’y crée une simplicité des échanges. Voici en résumé  comment s’est établi un contact à l’entrée des douches : « bonjour » « ah un français ! » « de quelle région ? » « ton prénom ? » « où manges tu ce soir ? »  En cinq minutes le contact est établi. Marc, le caennais, la soixantaine ( ancien directeur d’une usine de caoutchouc ) connaît un bon restaurant à 7 €  près de la cathédrale . Une heure plus tard, nous sommes au restaurant Casa Manolo avec sa femme et un jeune américain vivant en Suisse . Marc et sa femme viennent de terminer le périple Séville-Santiago , soit mille kilomètres en VTT. Ils sont allés jusqu'au cap Finisterre .Pour certains, l’accomplissement du pèlerinage, c’est se tremper les pieds dans l’atlantique au cap Finisterre. Selon eux , la ville de Muxia , près de l’océan mérite un détour.

Vendredi 27 octobre    SANTIAGO  DE  COMPOSTELA 

Saint-Jacques-de-Compostelle ,c’est d’abord son imposante cathédrale que la foule admire depuis la grande place. C’est aussi un grand nombre d’églises ,de monastères et de ruelles qui attirent les  pèlerins et touristes . La grande ville est desservie par l’autoroute  et un aéroport .

12 h, j’assiste  à la messe .Pendant l’office, on ressent dans la foule beaucoup d’émotion et de fraternité . L’office se termine par le célèbre lancer de l’encensoir. Embrasser le dos de Saint-Jacques fait partie des rituels. L’après midi, je me rends à l’office des pèlerins  avec ma créanciale pour obtenir la fameuse « Compostela » écrite en latin. C’est le certificat officiel  remis suivant une tradition remontant au XIV siècle. Pour l’obtenir il faut avoir parcouru le camino en totalité ou en partie :au moins 100 km, à pied ou à cheval et 200 km à bicyclette.

                                                        LE   RETOUR

Comment rentrer par le train à Saint-Jean-Pied-de-Port un week end et avec un vélo ?

Je me renseigne à la  SNCF . Deux possibilités : soit prendre un billet pour Irun mais après Irun, la liaison pour aller à Saint-Jean-Pied-de-Port est difficile le dimanche , soit prendre le train jusqu’à Pampelune, avec un changement à Vitoria , et finir à vélo entre Pampelune et Saint-Jean-Pied-de-Port . C’est cette solution que je choisis .

Pour le vélo, certains trains l’acceptent mais il faut enlever la roue avant et se charger du transport lors des changements de trains. Une solution qui ne me paraît pas envisageable car il faut en plus du vélo porter les bagages. Je me rends à la compagnie Nacex . Difficile de se faire comprendre car le personnel ne parle pas français . On arrive à trouver une solution : le vélo sera expédié non pas à Pampelune car les albergues n’acceptent pas les vélos , mais à Cizur Minor

Samedi 28 octobre .

Après la nuit à l’hôtel, je prends le train à 9 h , destination Vitoria . Arrivée dans cette ville à 18 h . Pendant l’heure d’arrêt , je peux flâner dans les rues très animées . Tous les bars-restaurants proposent sur leurs comptoirs des tapas. Vitoria est une grande ville de 250 000 habitants . Je prends le train régional très propre et ponctuel qui mène à Pampelune . Un taxi me conduit à Cizur Minor , distant de 6 km

Petite frayeur à l’arrivée : on ne trouve pas mon vélo. Madame Roncal, la propriétaire n’est pas dans sa maison . Je m’attends à passer le dimanche sur place sauf que le lendemain matin, Me Roncal  arrive et m’annonce que le vélo est bien arrivé de la veille  et qu’elle l’a mis en sûreté dans un local des nombreuses dépendances .

Dimanche 29 octobre  retour sur Roncevaux 

En route en vtc, destination Roncevaux , distant de 59 km .

La traversée de Pampelune est longue et compliquée . En ce dimanche matin , je suis surpris de voir autant de jeunes qui se dirigent vers l’université de la ville . Sur la route de Zubiri, on croise de nombreux cyclistes mais aussi beaucoup plus de voitures qu’à l’aller . Les montées sinueuses vers Roncevaux semblent interminables… Arrivée à la tombée de la nuit au refuge des pèlerins de Roncevaux. 5 € / nuit

Dans le grand dortoir , 150 lits superposés occupés à 40 % .  Impossible d’oublier ce lieu . Le plafond voûté est très haut , comme une nef de cathédrale.

Le dernier repas du camino, pris à l’auberge près du refuge est très cosmopolite : Parmi les 8 personnes de la table , il y avait 7 nationalités !  un espagnol, un italien, une japonaise, un québécois, une canadienne, un allemand et deux français

Lundi 30 octobre  retour sur ST JEAN Pied de Port

Rude montée après Roncevaux puis longue descente rapide jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port où je retrouve ma voiture . Je passe un bon séjour de trois jours chez ma sœur Thérèse dans le Gers avant de regagner Château-Gontier en Mayenne.

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