maj le 02/06/2006

3-eme TRONCON

1er au 26 MAI 2006

NOGARO - BURGOS


IMPRESSIONS GENERALES

Le parcours dans le GERS ne présente pas d'intérêt majeur. Correctif: Michel me dit que je suis trop sévère, le Gers vaut largement certaines étapes d'Espagne.

Par contre le pays BASQUE est de toute beauté, avec d'immenses collines qui se succèdent, et des parcours en ligne de crête merveilleux (pour ceux qui respectent le parcours officiel et ne recherchent pas à tout prix les "raccourcis" ) ; la vision des sommets pyrénéens par temps clair est un motif de joie et de sérénité. La soirée dans certains gites est un souvenir mémorable !

La traversée des PYRENEES ( par les Cols à 1400 m d'altitude) est un moment fort du chemin , sur le plan spirituel et physique , quoique beaucoup moins éprouvant que la légende le raconte : d'une part il me semble impossible de se perdre car le balisage est quasi parfait (sauf cas de brouillard maximum) ; d'autre part, pour un marcheur montagnard entraîné, l'effort est dans la moyenne d'une randonnée dans les Ecrins, le Queyras ou La Réunion, surtout si l'on prend la précaution de faire un intermédiaire à HOUTTO ou ORISSON.

De cette 1-ERE découverte du chemin ESPAGNOL "CAMINO FRANCES" , nous retiendrons principalement

  • Très peu de "GOUDRON" : même si le chemin passe très souvent à proximité d'une route, dont la fameuse RN120. Il est aménagé proprement à quelques mètres , et bien séparé.
  • Chemin souvent rectiligne, plat , peu de dénivellé, souvent très large ( peu de vrais sentiers étroits ) , empierré ou sableux ; la fameuse "énorme montée raide" en sortie de VILLAFRANCA MONTES DE OCA n'est qu'une gentille rigolade pour nous.
  • Pas mal de VTTistes, qui passent brusquement en vous causant une frayeur, car vous marchez en étant dans vos rêveries ou pensées profondes.
  • des EGLISES presque toutes FERMEES hélas ! contrairement à la FRANCE ou un effort d'ouverture sur le GR65 a été fait ; nous apprendrons assez tardivement que les églises n'ouvrent qu'à certaines heures (genre 11h - 13h ) peu compatibles avec le plan de marche du randonneur matinal.
  • une AFFLUENCE ENORME en ce mois de MAI 2006 : Tous les Refuges sont pleins dès 15 ou 16 heures, ce qui a des conséquences néfastes et pernicieuses :
    • les gens se lèvent de plus en plus tôt : beaucoup à partir de 5H du matin , quelquefois 4H , la plupart au son du clairon à 6H ; la moitié sont déja en route à 6H30 alors que la NUIT est encore là ! A 7H , 90% du dortoir est parti !
    • c'est la COURSE au REFUGE , ou l'on arrive de plus en plus tôt : dès 11H30 ... 12H ; si le gite ouvre à midi , vous avez déja une rangée d'une dizaine de sacs qui attendent l'ouverture ! dans l'heure qui suit l'ouverture, le gîte est déja plein aux 2/3.
    • l'angoisse de trouver le Refuge plein vous conduit à raccourcir vos poses, à ne pas farnienter sur le chemin, à passer trop vite dans les lieux à visiter, à écourter vos méditations solitaires dans les lieux d'inspiration (paysages, églises, ... ) ; en France, je faisais souvent un pic-niq de midi suivi d'une longue sieste d'une heure, en Espagne , repas de midi expédié en 20 minutes ...
  • des origines nationales nettement différentes du Camino en France, avec un comportement spécifique
    • des ESPAGNOLS très nombreux, qui parlent très fort ( à vous assourdir ), qui hurlent dans leurs téléphone portable, dont beaucoup sont grassouillets et ventripotents ; viennent - ils quelques jours , ou plus, sur le Camino, pour tester leur restant de capacités sportives, ou pour céder à une mode ?
    • des ITALIENS, qui dès qu'ils sont plus de 2 , deviennent eux aussi bruyants et fêtards
    • des MEXICAINS , venus en groupe ( 15 personnes ), que nous retrouvions assez souvent à chaque étape, ce qui augmentait les problèmes d'hébergement ( ils trustaient les places dans les petits refuges, encombraient les équipements collectifs : cuisine, douche etc ..)
    • des ALLEMANDS, assez nombreux me semblent-ils, qui se regroupent en raison de leur langue
    • des BRESILIENS
    • des FRANCAIS bien sur
    • les minorités : CANADIENS (du QUEBEC, mais aussi Anglophones de l'ALBERTA), SUISSES, BELGES, NEW-ZEALAND, AUSTRALIE, ANGLAIS, USA.
  • une préparation physique attristante et dangeureuse: un nombre important de gens semblent venir sur le CAMINO par effet de mode, sans entrainement ou un entrainement minimaliste, et une ignorance des règles de bases du randonneur aguérri. Résultat : des étapes trop longues épuisantes, des pieds dans un état effroyables (des ampoules mal soignées dès leur apparition, nota : on dit "CLOQUES" ici !), j'ai même entendu parler pour la 1ERE fois de ma vie de FRACTURES, Micro-fissures dans les os des pieds, dues à l'effort et la fatigue! Et ces gens croient pouvoir continuer en alternant des étapes en BUS ou TAXI, et des étapes de marche ... tout à fait stupide hélas !
  • une SPIRITUALITE en nette diminution : en discutant avec d'autres personnes ayant la même approche que nous ( faire le chemin est au moins à 50% à but spirituel et religieux) , nous sommes attristés de voir le nombre très faible de randonneurs qui passent dans les églises pour un faire une prière (celles ouvertes bien sur !) , ou assister à la messe (quand il y en a une), entre autres indices de parcours spirituel.
  • en conséquence, je dis que maintenant, le terme de PELERIN est obsolète, et que l'on trouve principalement des RANDONNEURS ou pire des TOURISTES ! Certaines personnes rencontrées, ayant fait le chemin autrefois ( en 1999 pour l'un d'eux) constatent parfaitement cette évolution des mentalités et comportements.
  • la LANGUE : difficulté de s'exprimer, pour qui ne maitrise pas correctement l' ESPAGNOL : il est surprenant que dans un pays touristique, et surtout sur le CAMINO ou passe autant de nationalités, quasiment aucun espagnol ne connait une langue étrangère: ni ANGLAIS, ni FRANCAIS hélas (et ceci vaut pour les HEBERGEURS, les COMMERCANTS, les SERVEURS des restaurants)
  • un BALISAGE quasiment parfait du chemin, au moins pour le tracé officiel, sauf aux approches des grandes villes ( Pampelune, Burgos ) ; par contre, il serait souhaitable de disposer, sur le GR en entrant dans chaque bourgade, de l'affichage d'un PLAN des rues avec mention des principaux sujets d'intérêt : les refuges, les chambres d'hotes, les bars, restaurants , églises, etc ...
  • Suis-je SECTAIRE et CHAUVIN ?? les paysages espagnols ne me semblent pas tellement passionnants, sauf quelques rares exceptions, dont les MONTS de OCA (avant San Juan de Ortega) , les églises ont des rétables imposants avec un luxe tapageur de statues et de décors dorées dit-on à l'or fin volé aux Incas au 16eme siècle (on peut préférer la sobriété et l'autérité)
  • La monotonie de longues plaines agricoles ou le seul plaisir est de voir le blé nouveau onduler sous la brise, n'est rompu que par l'étonnant spectacle des armadas d' EOLIENNES qui tournent à l'horizon sur chaque sommet ou crête un peu venté ! L'ESPAGNE semble nettement en avance sur la FRANCE dans ce domaine de l'énergie renouvelable.
  • l'invasion d'INTERNET : en ESPAGNE beaucoup plus qu'en France, on voit dans les gîtes des bornes Internet (prix habituel 1 euro pour 20 minutes de connexion en messagerie), ou les gens défilent pour raconter leurs exploits ou transmettre je ne sais quoi à leurs amis sur leur journée. Cela me surprend, car je crois que les souvenirs méritent d'être décantés comme le bon vin.